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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/397

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LES SÉRAILS DE LONDRES

il l’accabla de mille baisers qu’elle lui rendit avec la même ardeur et comme par forme de reconnoissance. Monsieur James animé par ses douces caresses, et brûlant d’avoir avec sa filleule la même conversation qu’il avoit journellement avec sa commère, lui dit qu’il désiroit s’entretenir avec elle d’un sujet qui demandoit de sa part la plus grande discrétion : Miss Butler qui lisoit d’avance dans ses yeux le préambule de son discours, lui jura le plus grand secret. Monsieur James enhardi par sa promesse et par les préliminaires de sa harangue à laquelle sa filleule avoit l’air de prendre la plus vive attention, et qu’elle se gardoit bien d’interrompre, poursuivit aussi-tôt la conversation d’une manière forte et vigoureuse ; Miss Butler soutint de même sa réplique ; elle alla même, dans la chaleur de l’action, jusqu’à lui pousser trois arguments de suite auxquels il lui fallut répondre ; elle avoit tant à cœur de prendre la défense d’un sujet aussi beau, qu’elle voulut passer à un quatrième argument ; mais le parrain n’ayant plus d’objections valables à lui présenter, s’avoua vaincu ; cependant on finit amicablement par un baiser de part et d’autre la dispute que l’on se proposa bien de reprendre le lendemain à l’insu de la mère. M. James prit congé de sa filleule, et revint à son heure ordinaire voir sa commère qui, dès que sa fille fut couchée reprit la même conver-