Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

43
LES SÉRAILS DE LONDRES

matin, mettre son appartement en couleur. Ce stratagème eut l’effet désiré, c’est-à-dire qu’il décida Lucy à passer la nuit chez la mère Mitchell.

Miss Palmer se disposoit à se lever le lendemain de bonne heure, lorsque Mme Crisp, son compagnon de lit, lui conseilla de rester couchée jusqu’à son retour, vu que la maîtresse de la maison, ne déjeûnoit qu’à onze heures, et qu’elle alloit, pendant cet intervalle de temps, porter plusieurs ajustements à la duchesse de A...s. Lucy demeura donc dans l’appartement jusqu’au moment où Mme Mitchell la fit prier de passer dans sa chambre, où le déjeûner étoit servi. Le tems de ce repas fut long. Mme Mitchell pressa Lucy de prendre des liqueurs, mais elle s’en excusa poliment.

À la fin, le moment du dîner arriva, et Mme Crisp n’étoit pas encore venue. Lucy commença alors à devenir pensive, sans avoir le moindre soupçon du piège qu’on tendoit à sa vertu. Mme Mitchell reçut dans ce moment une lettre de Mme Crisp, qui l’informoit qu’elle s’étoit trouvée très mal chez Madame la duchesse, qu’il lui étoit impossible de venir reprendre la jeune personne, et qu’elle lui demandoit, comme une faveur particulière, de la garder chez elle, et d’en avoir le plus grand soin jusqu’à ce qu’elle fût en état d’être transportée chez elle. Mme Mitchell n’eût pas plutôt fait la lecture de cette lettre à Miss Palmer, qu’elle but