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LES SÉRAILS DE LONDRES

forcée de se soumettre à ces moyens infâmes, auxquelles la nécessité contraint souvent le sexe ; enfin Mme Mitchell, ayant appris sa situation, l’invita à venir demeurer chez elle, et la persuada qu’elle y seroit regardée comme une amie. Émilie avoit parut avec éclat dans le grand monde, et elle étoit appelée le Phaéton femelle, par rapport à un accident qui lui arriva au spectacle : un jour qu’elle se trouvoit au théâtre de Hay-Market, la hauteur de son chapeau n’étant pas calculé à celles des girandoles, le feu y prit avec tant de violence, que cet accident lui seroit devenu funeste, ainsi qu’aux dames qui étoient dans la même loge, et qui craignoient le même événement pour leurs têtes, si M. Gl....n ne fût venu galamment à son secours, et n’eût éteint le feu. Il préserva, au risque de sa personne, les charmes et les ajustemens d’Émilie de la proie des flammes, elle se rendit ensuite dans King’s-Place.

Émilie est en une si haute estime pour sa beauté et la douceur de son caractère, qu’elle peut exiger la somme qu’elle désire, elle a refusé plus d’une fois un billet de banque de vingt livres sterlings, parce qu’elle n’aimoit point les personnes qui les lui offroient. Un certain Juif très riche, qui étoit très passionné de la chaire chrétienne, lui proposa de l’entretenir et de l’établir très avantageusement, mais comme elle avoit la plus grande