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LES SÉRAILS DE LONDRES

jeune, son port et ses manières sembloient entidater son âge. Il fut à l’instant frappé de ses charmes innocents ; il ordonna à son domestique de descendre de cheval, de suivre, sans être remarqué, ces jeunes personnes, afin de connoître précisément le lieu de leur demeure : le domestique revint promptement retrouver son maître ; il lui donna les renseignements qu’il désiroit tant de savoir, et lui apprit le nom de la demoiselle qui avoit fixé son attention.

De retour chez lui, il ne songea uniquement qu’aux moyens de pouvoir satisfaire ses désirs lascifs ; son esprit n’étoit occupé que de mille projets différents, qui heureusement se détruisoient tous ; à la fin, il en conçut un qui lui parut être le plus avantageux à ses desseins.

Les sens énivrés des charmes de l’aimable Miss M....e, il se rendit chez une certaine abbesse, dans King’s Place pour lui communiquer son plan, et la prier de l’aider de ses avis pour son exécution.

Elle écouta le lord avec beaucoup d’attention, et lui répondit qu’elle n’approuvoit pas son projet, d’autant qu’il s’agissoit de l’enlever par force : « Je prie votre excellence, lui dit-elle, de m’accorder quelques heures, pour penser à cette affaire qui, étant un sujet de la plus grande importance, exige infiniment d’adresse pour en assurer le succès. » Il approuva la justesse de son observation,