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LES SÉRAILS DE LONDRES

Le lord fut étonné de l’imagination fertile de cette judicieuse abbesse : il éleva son projet jusqu’aux cieux, et dit qu’il surpassoit toute la politique de Machiavel, qu’il étoit merveilleux, et qu’il ne doutoit point de son plein succès. En parlant ainsi, il tira son porte-feuille de sa poche, et lui remit un billet de banque de cinq cent livres sterlings, pour l’aider dans l’exécution de son projet ; ensuite il ajouta qu’il doubleroit cette somme aussi-tôt ses souhaits accomplis.

L’abbesse ne perdit point de temps à mettre en pratique la théorie de son plan infâme. Dès le lendemain Betsy eut un maître de danse, et en peu de jours elle faisoit bien ses pas de menuet : s’étant, pendant ce temps, débarrassée de sa contenance rustique, sa tante supposée jugea qu’il étoit temps de la conduire à la pension où elle ne la plaçoit pas pour commencer son noviciat, mais pour s’acquitter avec la dextérité la plus subtile du rôle dont l’avoit chargé cette maîtresse expérimentée.

La tante et la nièce se rendirent donc à la pension. L’abbesse complimenta Mme ..... sur la grande réputation que son école avoit. On parla du prix et du genre de l’éducation que l’on vouloit donner à la jeune personne.

La tante dit que Miss Collins désiroit apprendre le français (que son père, qui étoit un anti-Anglais