l’officier, était dans la cour du moulin. La nuit venait, Françoise suivait avec anxiété les mouvements des soldats. Elle ne s’éloignait pas de la pièce dans laquelle était enfermé Dominique. Vers sept heures, elle eut une émotion poignante ; elle vit l’officier entrer chez le prisonnier, et, pendant un quart d’heure, elle entendit leurs voix qui s’élevaient. Un instant, l’officier reparut sur le seuil pour donner un ordre en allemand, qu’elle ne comprit pas ; mais, lorsque douze hommes furent venus se ranger dans la cour, le fusil au bras, un tremblement la saisit, elle se sentit mourir. C’en était donc fait ; l’exécution allait avoir lieu. Les douze hommes restèrent là dix minutes, la voix de Dominique continuait à s’élever sur un ton de refus violent. Enfin, l’officier sortit, en fermant brutalement la porte et en disant :
— C’est bien, réfléchissez… Je vous donne jusqu’à demain matin.
Et, d’un geste, il fit rompre les rangs aux douze hommes. Françoise restait hébétée. Le père Merlier, qui avait continué de fumer sa pipe, en regardant le peloton d’un air simplement curieux, vint la prendre par le bras, avec une douceur paternelle. Il l’emmena dans sa chambre.
— Tiens-toi tranquille, lui dit-il, tâche de dormir… Demain, il fera jour, et nous verrons.
En se retirant, il l’enferma par prudence. Il avait pour principe que les femmes ne sont bonnes à rien, et qu’elles gâtent tout, lorsqu’elles s’occupent d’une affaire sérieuse. Cependant, Françoise ne se coucha pas. Elle demeura longtemps assise sur son lit, écoutant les rumeurs de la maison. Les soldats allemands, campés dans la cour, chantaient et riaient ; ils durent