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Page:Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589.djvu/102

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A te donner plaisir de sa douceur plus douce :
Sans avoir grand soucy si quelques malcontens,
Quelques uns qui jamais n'eurent jour de bon temps
Aboiront tes escirts, veu que tout ignorance
Ne hait que ce qui est hors de sa cognoissance.

SONNET A UNE
Dame.


Faites la desdaigneuse, il vous siet bien ma dame,
Ores que vous avez un amy arresté,
Vouez devant les gens la saincte chasteté
Tandis que vostre amour en silence se trame.

Rien ne se peut celer en l'amoureuse flame,
En ce monde on ne peut cacher la verité
Pour tousjours : car en temps le Ciel aime equité,
Ouvre le cabinet le plus secret de l'ame.

Vrayment vous vous trompez de vous feindre cruelle
Rejettant les souspirs de mon ame fidelle,
Vaynement arrestee autrefois en vos yeux :

Ores je cognois bien vostre faute & la mienne
Vivez donc à plaisir, & que chacun se tienne
Sans feindre ce qu'il est, ou il trouvera mieux.

SONNET DU DESTIN A
une Dame.


Si d'une juste loy tout n'estoit ordonné
Je vous egalerois en beauté & pridence
Et selon mon vouloir tomberoit la cadence
Du destin incogneu sous lequel je suis né,

Rien ne seroit ça bas par degrez terminé
La volonté mettroit tout hors de difference