Page:Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589.djvu/63

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Mon cœur qui n'a autre vie,
Que celle qu'il a ravie
Des feux de vostre beauté,
Seur d'une amour nouvellle
Vous jure amour eternelle,
En toute fidelité.

Permettez luy donc de vivre,
Au desir qu'il veut poursuivre,
Tant que la loy de mon sort
Qui tient en vous arrestee
L'heure de ma destinee,
Marque l'instant de la mort.


LII.


Par un heureux destin, m'estant en mon bonheur
Rendu serf sous les loix de vostre obeissance,
J'ay veu l'effait certain de ma juste esperance,
Alleger mes soucis au fort de ma douleur.

Sans peser mon merite, ains cognoissant l'ardeur
De mon affection gage de l'asseurance
Que j'ay de mon bon heur, gardant vostre puissance
Sur moy vous m'avez fait place dans vostre cœur.

Continuez madame, & croyez je vous prie
Que mon ame plustost se privera de vie
Que me faire changer en rien ma loyauté :

Car tant que dans mon cœur se tiendra enfermee
Ma vie, vostre image y sera imprimee,
Par la devotion de ma fidelité.


LIII.


Vous m'avez pris mon cœur, rendez le moy madame
Hé ! quoy que vous feignez, je ne me mocque pas :
Voyez comme affoibly des forces du trespas
Glissees en mon sang, pres de vous je me pasme.