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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/20

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des pleurs de l’amour, ce jardin planté des mains de la Nature.

O mon aimable amie, quand ma romanesque et complaisamment brulante imagination me retrace les plaisirs que je puis te procurer, si moins sévère, tu ne craignais de prendre du fruit en ne voulant que des fleurs ; ce qui s’augmenterait alors, s’augmente ; mon ame se fond dans un torrent de desirs et de voluptés, mon sein palpite, ma vue se trouble, mes genoux tremblent, mon corps s’affaisse sous la main de l’amour, je brave le phantôme hideux et menaçant de la goutte qui promet sa société à ceux qui osent ainsi rêver seuls, aimer et jouir debout, et ma langue desséchée balbutie ces mots : ah ! Manon ! c’est pour offrir un holocauste à tes charmes que cette liqueur précieuse, ce fluide dont Toinette et mainte autre louve de la même trempe n’ont jamais assez, s’échappe à grands flots de ses réservoirs. Reçois cet encens ; il est digne de ton autel ; puisses-tu être toi même la Prêtresse immé-