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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/38

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Les veillées

n’existe plus de filles aussi ignorantes qu’elle à quinze ans ; Agnès était rêveuse, triste, inquiette, soupiroit souvent : cœur qui soupire, n’a pas ce qu’il desire… ses yeux s’animaient d’un feu plus vif ; son corset suffisait à peine pour retenir les gonflemens de son sein ; son poulx battait avec plus de violence ; ses veines voituraient du feu fluide et subtil ; et lorsque la nuit, un joli rêve se mêlait aux charmes du repos, Agnès plus fortunée qu’une reine prolongeait le songe jusques bien avant dans le jour, et se levait avec tristesse, parce qu’elle avait rêvé que le prince charmant avait dormi près d’elle. Ainsi, souvent plus d’une fille a taché le psautier de David, en s’imaginant être Bethsabé ; ainsi souvent je songeai être Endymion ou Marc-Antoine.

Agnès a une amie, Louise lui est chère ; elle est belle, Agnès n’en est pas jalouse ; Louise n’est pas plus savante ; mais Louise est plus adroite et plus curieuse encore : Agnès sera donc bientôt instruite. Ces liaisons tendent toujours vers une plus grande connoissance des qualités et des pensées ; l’heure est venue,