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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/62

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Les veillées

effroi, en se cachant par intervalles sous un nuage dont l’ombre enveloppant Louise, la cachera aux yeux des Argus femelles, mais chaque nuage qui passe, est pris par Louise pour un objet animé, et la remplit d’épouvante. L’œil de notre voyageuse nocturne étincelle dans l’obscurité comme le ver-luisant sous les fleurs des prairies humides. Ouf !… Je respire : la porte s’ouvre et se referme sans bruit et Louise est enfin arrivée à bon port ; j’entre avec elle, rien de plus aisé, et je vais peindre la scène charmante que j’ai sous les yeux.

Est-ce toi, Louise ? — Oui. Et la veilleuse est tirée de l’endroit où on l’avoit cachée pour se convaincre que c’est bien Agnès, ou plutôt pour jouir du plaisir de se bien voir. Elles se précipitent dans les bras l’une de l’autre ; leurs petits corps étroitement liés n’en forment plus qu’un, leurs lèvres brulantes se confondent avec leurs soupirs amoureux, les larmes du sentiment sortent involontairement de leurs prunelles humides, leurs bras souples sont serrés aussi fort que le lierre s’incorpore, pour ainsi dire, à l’arbre nourricier dont il embellit l’an-