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LES CHAZOTTES
(ABBAYE DE CHAZEAUX)



DANS la partie sud-ouest du département de la Loire et près de Firminy, semblent dormir, dans un frais vallon, quelques modestes maisonnettes, à travers lesquelles se profilent les grandes lignes d’un vaste monument. C’est l’humble bourgade de Chazeaux ; c’est là que haute et noble dame Luce de Beaudiner, — de bello prandio, disent les actes — veuve du puissant seigneur Guillaume de Poitiers, baron de Cornillon, fonda, en 1322, un monastère pour la satisfaction de sa piété personnelle et pour le soulagement spirituel de l’âme de son cher défunt. Elle fixa son choix sur les religieuses Clarisses, qui, à cette époque, étaient en pleine faveur et se propageaient rapidement en France. Isabelle de France, sœur de saint Louis, avait fondé pour elles le monastère de Longchamp, et nous avons déjà vu, dans la notice précédente, que Blanche de Chalon, dame de Belleville, avait parmi nous fait une semblable fondation. Les religieuses Clarisses vinrent donc s’établir à Chazeaux, et elles étaient soumises au gardien des frères Mineurs de Montbrison. Nous ne savons pas de quel monastère émigra cette première colonie. La bulle de fondation, qui nous a été conservée dans l’histoire ecclésiastique du diocèse de Lyon par Lamure, est du pape Jean XXII, alors à Avignon ; elle est suivie de l’approbation de Pierre de Savoie, archevêque de Lyon. Cette maison fut placée sous le vocable de Notre-Dame de Chazeaux ; la Gallia Christiana l’appelle : Parthenon Beatæ Mariæ de Casalibus.

On a écrit que Luce de Beaudiner avait été religieuse du monastère qu’elle avait fondé, qu’elle en avait même été la première abbesse. Il n’en est rien cependant. Certaines pièces d’un procès intenté par le prieur de Firminy aux Clarisses de Chazeaux ne nous permettent pas d’avoir le moindre doute à cet égard. La première