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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Médicis. Julien fut tué, mais Laurent put s’échapper, et les conjurés, par crainte des représailles, durent prendre la fuite. C’est alors que les Pazzi vinrent en notre ville. Ils y vécurent en grands seigneurs, et furent les bienfaiteurs des Célestins. À propos de leur tombeau, on rapporte le fait suivant : Marie de Médicis, de passage à Lyon, vint visiter le couvent des Célestins ; elle avait, comme tous les membres de sa famille, conservé dans son cœur un violent ressentiment contre les conjurés de Florence, et contre les Pazzi en particulier. Se trouvant dans l’église du monastère, elle vit le riche tombeau de ses ennemis, et aussitôt elle ordonna qu’on le détruisît sur-le-champ, ne voulant pas qu’il restât rien d’un nom si odieux à sa maison. C’était enfin le tombeau de Guillaume Rouville, l’illustre typographe, gendre de Sébastien Gryphe, qu’il égala et dépassa même. Il était né à Tours, en 1518, mais il vint s’établir à Lyon et commença à se faire connaître vers 1548. Il acquit une grande fortune et fut honoré de l’échevinage jusqu’à trois fois en dix ans, ce qui lui donna le droit de naturalité à Lyon, ainsi que la noblesse. Il fut conseiller de ville, bienfaiteur de la cité, des hôpitaux et des. Célestins. Il avait pour devise : In virtute et fortuna. J’abrège à regret, car il y avait là encore bien des familles dont les descendants vivent encore, les Tourvéon, les Bigny, les La Chassagne, les de Viry, etc… Enfin quand nous aurons dit que la confrérie des marchands drapiers se réunissait habituellement dans la chapelle des Onze-Mille-Vierges, nous aurons dit à peu près tout ce qui était intéressant sur cette église.

Nous nous sommes étonnés, à notre époque, d’avoir vu si souvent brûler les Célestins ; mais du temps des religieux le feu s’était déclaré bien des fois ; on dirait vraiment que ce lieu soit voué aux incendies. Il fut brûlé d’abord en 1501 ; puis en 1562, lorsque les huguenots, arrivant par le Dauphiné, se furent emparés de la ville, le couvent des Célestins fut envahi des premiers, et c’est là qu’après le pillage du couvent, le baron des Adrets assit la batterie d’artillerie avec laquelle il ouvrit une brèche dans les murs du cloître de Saint-Jean. Il fut incendié encore en 1623, puis enfin après sa reconstruction totale, deux autres fois, à trente années d’intervalle, en 1744 et en 1775.