Aller au contenu

Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

même attendu les premiers appareils pour tâcher, s’il était possible, d’exciter des mouvements séditieux. Ces filles n’ont pas eu honte de marquer leur dépit et leur rage en voyant, au lieu de la révolte à laquelle elles s’attendaient, une parfaite indignation pour une désobéissance si opiniâtre à leur premier et légitime supérieur.

« Tout est dit, mon Révérend Père, il n’y a que la dispersion totale de la communauté qui puisse laver tant d’infamie : déjà l’abbesse et cinq de ses sœurs sont reléguées dans les couvents de leur ordre, celles qui persévèrent dans les mêmes sentiments subiront le même sort. Ce n’est que par une entière soumission qu’elles peuvent se sauver du précipice où leur aveuglement achève de les jeter. Je désire ardemment qu’elles l’évitent, non pour avoir sous ma juridiction une maison de plus, qui ne fera, si elle subsiste, qu’augmenter un poids déjà très grand, mais pour la paix de ma conscience, qui m’a obligé de me servir des moyens que Dieu met à ma disposition. La modération que j’ai gardée, mon Révérend Père, me fait espérer que vous serez frappé de tout ce que je viens d’avoir l’honneur de vous dire : je me flatte même d’avoir quelques droits à votre reconnaissance pour avoir ménagé votre ordre qu’une révélation juridique aurait déshonoré, si je n’étais pas déjà trop récompensé d’avoir servi la religion elle-même par mon silence, qu’il serait à souhaiter que dans des occasions semblables on ne l’eût jamais rompu.

« On ne peut vous honorer plus parfaitement, mon Révérend Père.

« Signé : le Cardinal de Tencin. »

Cette lettre nous apprend les causes du conflit, les audaces des religieux Récollets et la fermeté de l’autorité ecclésiastique. Il est inutile de rien ajouter.

Le monastère des Clarisses vécut jusqu’à la Révolution. Le carnet des vêtures, professions et sépultures, qui est aux archives, signale une profession le 3 février 1785, et la dernière sépulture date du 6 septembre 1789, c’est celle d’une sœur converse inhumée