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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

furent adjugés aux Chevaliers de Rhodes ; les rois et les papes s’accordaient à les entourer de leur haute protection et à les combler de bienfaits.

Après sept ans passés à Viterbe, Villiers de l’Isle-Adam obtint de Charles-Quint l’île de Malte, où il installa les Chevaliers. Le 26 octobre 1530, Soliman II voulut s’en emparer et vint l’assiéger. Le grand-maître Jean de la Valette-Parisot et ses chevaliers firent des prodiges de valeur, et les Turcs, après avoir tiré soixante-dix-huit mille coups de canon, furent obligés de se retirer. Le successeur de la Valette fut del Monte, et ce fut du temps de ce Grand-Maître que fut livrée la fameuse bataille de Lépante, où les Chevaliers de Malte se couvrirent de gloire. Ils continuèrent ainsi longtemps à guerroyer sans trêve ni repos contre les Infidèles.

Mais quand la Méditerranée, rendue plus sûre, fut purgée des corsaires dont les audacieuses expéditions avaient longtemps entravé les communications du commerce, Malte cessa de garder le rang à peu près unique qu’elle avait conquis. L’ordre des Chevaliers, se livrant à l’inaction, vit sa gloire décroître : sa discipline se relâcha, son autorité diminua, il n’offrit plus qu’un refuge aux cadets des grandes familles, qui préféraient à la carrière ecclésiastique la position demi-religieuse demi-militaire qu’ils y trouvaient. Aussi, lors de la dissolution, cet ordre n’était-il que le simulacre de ce qu’il avait été dans ses beaux jours.

L’ordre des Chevaliers de Malte vécut en France jusqu’en 1760, il disparut complètement en 1798, époque où Bonaparte, allant en Égypte fit la conquête de l’île et mit ainsi fin à l’existence politique de l’ordre, qui dès lors fut purement religieux. L’empereur de Russie, Paul Ier, qui s’était alors déclaré protecteur de l’ordre, en fut alors Grand-Maître, mais ce n’était là qu’une parodie ; l’ordre était anéanti dans son essence.

Enrichi, comme nous l’avons vu, par des bienfaits nombreux, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem avait ouvert ses rangs à une foule de membres et s’était répandu dans l’Europe presque entière. Quant à son économie générale, nous allons essayer d’en donner une idée,