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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

jetèrent les cendres dans le Rhône, afin qu’il n’en restât plus aucune trace sur la terre. Ils prétendaient ôter ainsi aux martyrs l’espoir de la résurrection, et à Dieu le pouvoir de les ressusciter. C’est, disaient-ils, l’attente de leur résurrection qui les porte à introduire parmi nous cette religion nouvelle, et à braver les tourments et la mort plutôt que d’y renoncer. Nous verrons bien si leur Dieu est assez fort pour les arracher de nos mains, et s’il les ressuscitera… »

Telle est la lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne aux chrétiens d’Orient. Je me persuade que le lecteur ne l’aura pas trouvée trop longue, on n’abrège pas de pareils titres de noblesse. Elle a le mérite d’embaumer dans les parfums d’une profonde piété les supplices et le martyre de nos pères dans la foi. Et, bien que le nom d’Ainay ne soit pas mentionné dans cette lettre, elle signale du moins l’usage du lieu où comparurent les martyrs ; il s’agit d’un amphithéâtre ; Mature, Sanctus, Attale, Blandine sont au centre de l’arène, il s’agit d’un amphithéâtre où se rendaient toutes les nations, innumeris millibus gentium diversarum ad spectaculum congregatis. Comment ne pas reconnaître Ainay ?

Il ne restait rien des quarante-huit martyrs, mais Grégoire de Tours achève ainsi la lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne : « Pendant que les chrétiens s’attristaient dans la pensée que tant de bienheureuses reliques avaient péri, une nuit les saints apparurent à plusieurs fidèles dans l’endroit même où leurs membres avaient été consumés par le feu : ils étaient debout, entiers, et sans aucune trace de souffrance. S’étant tournés vers les chrétiens, ils leur dirent : Retirez de ce lieu nos restes, car aucun de nous n’a péri. D’ici nous avons été transportés au lieu de repos que nous avait promis le Christ, roi du ciel, pour le nom de qui nous avons souffert. » Ces hommes pieux firent part à leurs frères de la vision qu’ils avaient eue. Tous rendirent grâces à Dieu et se sentirent fortifiés dans la foi. « Les cendres sacrées des martyrs furent recueillies, puis déposées avec de grands honneurs sous le saint autel, où par d’éclatants miracles ils ne cessent de rappeler qu’ils habitent avec