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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

prédicateur ; il eut auprès de ses contemporains de grands succès oratoires. Ce qui nous reste de lui indique, en effet, de la puissance ; il se dégage de la boursoufflure qui jusque-là régnait dans la chaire, il expose avec clarté, et touche souvent à la véritable éloquence. Sa dispute avec le ministre Cassegrain, à Mâcon, est restée célèbre.

Le P. Jean-François de Binans et le P. André Baird, l’un Anglais, l’autre Écossais, qui recherchaient sans crainte toutes les occasions de discuter avec les hérétiques ; le P. Gaspard Dinet, qui devint évêque de Mâcon ; le P. Antoine de Bologne, qui devint évêque de Digne ; le P. Antoine Périer, Lyonnais, qui fut nommé général de l’ordre.

Enfin, pour compléter ces notions, ajoutons que la province de Lyon était la douzième de l’ordre et comprenait quatorze couvents, parmi lesquels celui de Feurs, celui de Saint-Étienne, dont l’église conventuelle est aujourd’hui l’église paroissiale de Saint-Louis, celui de Saint-Chamond, qui fut longtemps un collège, et qui abrite aujourd’hui la municipalité.

Qu’on me permette encore de citer un singulier détail que l’on trouve consigné au tome XII des Archives du Rhône : Les Minimes de Lyon, y est-il dit, fabriquaient un vin d’absinthe qu’on allait boire par mortification à leur couvent, à Saint-Just, le jour du vendredi saint, en revenant du Calvaire. Ils en faisaient ce jour-là un débit considérable et lucratif : ils en vendaient dans le cours de l’année comme remède.

Longtemps, le couvent de la Croix-de-Colle conserva sa ferveur et son vif esprit d’austérité, de zèle et de religion, mais chacun sait ce qu’il advint de la France et des mœurs publiques après la mort de Louis XIV. L’air pestilentiel du monde pénétra jusque dans le cloître, la discipline se relâcha, et les anciennes et rigoureuses observances furent abandonnées. Autant qu’on peut fixer une date, c’est en 1738 que commence pour les Minimes de Lyon cette décadence spirituelle. Un certain P. Gaudin est alors élu provincial, et cette charge n’est pour lui qu’un aimable passe-temps ; il introduit le luxe dans le monastère, et les ressources pécuniaires passent sans