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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

saint Pothin. Suivant la tradition, elle avait servi au saint pendant les deux jours qu’il passa dans la prison où il mourut. D’Ainay on se rendait à pied à Saint-Nizier, et en chemin on chantait les litanies des quarante-huit martyrs. Cette fête des Merveilles se perpétua jusqu’au règne de Charles VI, mais elle fut supprimée parce qu’elle était devenue un sujet de désordres. Mais, dit le P. Gouilloud, dans son histoire de saint Pothin, « à qui sait voir et entendre, cette pompe religieuse est un commentaire fort clair, une expression vivante de la tradition sur les premiers martyrs de Lyon. »

Telle est la fête des Merveilles, racontée par nos anciens historiens ; elle concorde avec toutes nos traditions lyonnaises. Mais il faut compter avec M. Steyert, et là encore les dénégations abondent. Le 22 mai 1885, la Revue hebdomadaire du diocèse de Lyon contenait une lettre de M. Steyert : Non, la fête des Merveilles n’avait pas lieu le 2 juin ; non, cette fête ne fut pas instituée en l’honneur des martyrs ; c’était simplement une fête solsticiale, ou peut-être un remarquable exemple des lustrations païennes ; enfin, la pierre de saint Pothin n’est qu’une relique apocryphe, un indigne monument.

Voilà des affirmations, ou des négations, un peu bien osées ; elles ne s’appuient pas toujours sur des preuves, et n’apportent pas la conviction. Notre cadre modeste ne nous permet pas de soutenir ici une discussion, mais on pourra se renseigner complètement dans l’ouvrage de M. Fl. Dumas, l’auteur des Traditions d’Ainay.

Les grandes donations de terres ou de propriétés qu’on fit à l’abbaye d’Ainay lui apportèrent de grandes richesses et par là une considérable influence. L’abbé était un véritable seigneur qui avait droit de haute justice ; il faisait garder par ses gens d’armes le cloître et les rivages du Rhône et de la Saône ; sa juridiction s’étendait du confluent jusqu’à la porte de la Francherie et jusqu’au pont du Rhône.

Tout le quartier d’Ainay ne renfermait que quelques maisons et granges ; tout autour de l’abbaye s’étendaient de vastes prairies et de magnifiques jardins ; plus tard, des fortifications proté-