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LES TEMPLIERS

recommanda, comme remède, la fusion du Temple et de l’Hôpital en un seul corps, mais ce projet, étudié pendant vingt-cinq ans, n’aboutit pas. Philippe le Bel allait paraître, décidé à tout oser. Leur puissance lui donna de l’ombrage, leurs richesses excitèrent sa convoitise, et comme ils avaient refusé de l’admettre dans l’ordre, il voulut en tirer vengeance et résolut de les perdre.

Or, Philippe le Bel était épuisé par les frais de la guerre flamande et de la guerre anglaise. En 1291, il avait extorqué de fortes sommes aux banquiers lombards établis en France. En 1306, il fit arrêter tous les juifs et confisquer leurs biens. En 1307, il va confisquer les biens du Temple. Il était en compte avec la banque de l’ordre, et ce compte penchait lourdement en faveur des chevaliers. Clément V, caractère faible, venait à Lyon d’être couronné pape. Philippe le Bel et Guillaume de Nogaret, son âme damnée, préparent longuement et dans le secret le coup de main qu’ils rêvent, et le 13 octobre 1307, le grand maître, Jacques Molay, fut arrêté avec les cent quarante Templiers qui étaient à Paris. On saisit les autres chevaliers sur tous les points du royaume à la fois. Ils sont accusés de s’obliger par vœu à renier le Christ et à se livrer entre eux à d’ignobles désordres.

Alors commencèrent des tortures sans nom. Jacques de Saci vit mourir vingt-cinq de ses frères des suites de la question. La meilleure preuve de l’intensité des supplices, c’est l’unanimité des aveux, que leurs auteurs rétractèrent dès qu’ils se crurent devant des juges impartiaux. Sur cent trente-huit il n’y eut d’inébranlables que Jean de Paris et Lambert de Toysi. Tous les autres, à commencer par Jacques de Molay, firent des aveux sur le reniement du Christ et sur les mœurs infâmes. Mais, en 1310, ils dictèrent ces paroles aux notaires apostoliques : « On ne peut invoquer contre nos frères les aveux passés (1307), parce que ces aveux ont été arrachés à force de géhennes. Ils ont dit ce que voulaient les bourreaux. »

Après bien des hésitations de Clément V, les biens du Temple sont remis au pape qui en confie la garde aux officiers royaux. Quant aux crimes, on en distingue deux sortes : crimes de l’ordre en