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Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/611

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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

sœur Anne-Marie Pillet, sur laquelle je lis, dans le manuscrit inédit de la fondation de ce monastère, ce singulier détail : « Le frère apoticaire du grand collège luy coupa la peste avec un rasoir. » J’y vois aussi le nom de sœur Louise-Catherine Crochère, veuve de M. Mathieu, conseiller et grand historiographe de France ; elle était petite-nièce du pape Sixte-Quint. Il n’est pas besoin d’ajouter que des supplications ardentes et multipliées montaient vers le Seigneur pour obtenir la cessation du fléau, mais il est à remarquer que la contagion cessa après un vœu fait par la communauté de jeûner tous les samedis pendant un an, sans diminuer les autres pénitences. Enfin, après quatre mois d’absence, les religieuses qui avaient reçu le charitable asile de leurs sœurs de Bellecour purent rentrer dans leur maison du Gourguillon. La peste avait duré près de cinq mois et avait fait quatre-vingt-six mille victimes.

Après cette épreuve, les vocations furent plus nombreuses, et la maison du Gourguillon devint insuffisante, il fallut songer à chercher une maison plus vaste ; c’est alors que Mathieu de Sève, père de deux religieuses de ce second monastère, acheta la maison de l’Antiquaille dont elles prirent possession le 3 avril 1630.

L’Antiquaille ! arrêtons-nous un instant et recueillons nos souvenirs. L’Antiquaille, avions-nous cru jusqu’ici, c’est comme Ainay, un endroit historique. M. Steyert n’est pas de cet avis. Tout à l’heure je résumerai sa pensée sur ce sujet, auparavant je redis ce qu’ont écrit sur l’Antiquaille les anciens auteurs. D’après eux l’Antiquaille, c’est la splendeur romaine et le christianisme naissant, ce sont les palais et les cachots, les bourreaux et les victimes. C’est là qu’habitèrent Auguste, Drusus et Tibère ; c’est là que Caligula passa plusieurs années dans les débauches ; c’est là que naquirent Claude, qui donna plus tard à sa patrie le rang de colonie romaine ; Caracalla, qui fut gouverneur des Gaules avant d’être l’empereur fou et cruel que l’on sait ; Germanicus, qui fut l’espoir de l’empire, mais qui fut trop tôt enlevé par la mort.

Mais tous ces souvenirs s’effacent devant des souvenirs plus augustes. C’est là le berceau du christianisme dans les Gaules. C’est