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L’ANNONCIADE

maintint son droit, et menaça de retirer sa pension. L’affaire fut arrangée par l’autorité ecclésiastique, qui maintint Mme  de Chevrière dans la jouissance de son privilège, formellement reconnu. Ces faits se passèrent en 1627, trois ans après la fondation.

Cette même année, et le 3 juillet, eut lieu l’acquisition du Château-Gaillard, appartenant à M. Ganière, au prix de 3,300 livres. C’était un charmant petit castel en miniature qui était situé un peu au-dessous de la place Rouville actuelle, et que nos anciens doivent se rappeler avoir vu, car il est resté longtemps démantelé et ne disparut que peu avant la révolution de 1848. Situé en dehors de la clôture, il servit d’abord de noviciat ; puis, en 1653, il fut mis dans la clôture et reçut des pensionnaires pour assurer quelques revenus au monastère « dont le temporel, dit toujours la Mère Chausse, était dans un état pitoyable. » À cette occasion, la fondatrice, oubliant ses griefs, fit un don de six mille livres, et, quelque temps après, de huit cents. Je ne cite que pour mémoire certaines acquisitions de maisons dont on trouve des traces aux archives municipales : deux maisons, sises côte Saint-Sébastien ; des maisons, sises rue Bouteille ; quatre maisons, rue Saint-Marcel ; une autre, rue des Auges. Nous verrons plus loin que ces acquisitions ne furent pas une cause de prospérité.

Le cardinal de Marquemont, qui était à Rome, avait envoyé de la ville sainte, en 1628, des reliques de corps saints, et on les avait déposées dans la cathédrale de Saint-Jean. La comtesse de Chevrière demanda et obtint pour les Annonciades le corps de saint Anastase, pape et martyr. Elle commanda un beau reliquaire d’argent : il avait la forme d’une église, quinze piliers d’argent en soutenaient la voûte, sur laquelle il y avait un crucifix également d’argent ; l’entre-deux des piliers était fermé avec des cristaux de Venise. Le 17 août, le comte de Cremaux, doyen, MM. de Chamarzel et de Mechatin de la Fay, vicaires généraux du diocèse, firent placer- les reliques dans le reliquaire, et on le porta solennellement au monastère.

Cette même année 1628, on s’aperçut que, dans la fondation