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YSENGRIN DANS LE PUITS.

VINGT-NEUVIÈME AVENTURE.

Comment Renart entra et sortit heureusement du Puits ; comment Ysengrin y entra, mais en sortit à son grand dommage.



J’engage à faire silence ceux qui n’étant pas d’humeur à écouter sermon ou la vie de quelque saint homme, voudroient bien entendre raconter des choses plaisantes et faciles à retenir. Je n’ai pas la renommée d’avoir un grand fond de raison ; mais à l’École, on a vu bien souvent que les fous pouvoient vendre la sagesse. Laissez-moi vous apprendre un nouveau tour de damp Renart, ce grand maitre en fourberies, Renart l’ennemi naturel des chemins droits, qui joueroit aisément le monde entier, et qui lutteroit de malice avec le démon lui-même.

Il étoit allé chasser assez loin de sa maison : mais le gibier ayant fait défaut, il lui fallut revenir du bois sans souper. Il sortit une seconde fois, et perdit une seconde fois ses peines : dans les joncs, au milieu desquels il restoit inutilement au guet, il n’entendit que son ventre murmurer de la paresse de ses dents et du repos de son gosier.