Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
LE TRANSLATEUR.

sons de geste auroient été la Tragédie. Pierre de Saint-Cloud qui, le premier, introduisit l’élèment politique dans ce genre de récits, a suivi pas à pas, ou plutôt terre à terre, la disposition, le mouvement, les formes même de notre épopée ; et cette observation, dont je ne pense pas que l’on puisse contester la justesse, suffit déjà pour mettre hors de cause la prétention des étrangers à l’invention primitive de la partie la plus originale du roman. On reconnoit dans Pierre et dans son continuateur, les contemporains des chantres de Girart de Roussillon, d’Ogier le Danois, de Roncevaux et des Loherains. La clameur levée par Ysengrin, les messages remplis à leurs risques et périls par Baucent, par Brun et par Tybert ; l’assise et l’instruction, les plaidoyers de l’accusateur et les défenses de l’accusé ; le jugement et le combat judiciaire, tout cela se trouve déjà, sur un ton plus élevé, dans les gestes d’Aspremont, d’Ogier, de Girart et de Garin. Il n’est pas jusqu’à l’arrêt de mort prononcé contre Renart et commué en réclusion perpétuelle dans un monastère, qui ne soit une ingénieuse imitation des jugemens prononcés contre Bernart de Naisil et contre son neveu Fromondin. Enfin l’arrivée du convoi de dame Copette dans la salle du Jugement rappelle involontairement l’arrivée de la