Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Noble, « et c’est vous, Brun, que je charge d’aller le semondre. N’ayez pour le traitre aucun ménagement. Vous lui direz qu’avant de me décider à l’ajourner, je l’ai attendu trois fois. — Je n’y manquerai pas, sire, » répondit Brun ; et sur-le-champ, il prend congé, met son cheval à l’amble et s’éloigne. Mais pendant qu’il chemine ainsi par monts et par vaux, il survint à la Cour un évènement qui fut loin de remettre en meilleur point les affaires de Renart. Nous avons vu que pendant deux jours, Coart le lièvre avait tremblé les fièvres. Après l’enterrement de dame Copette, le malade voulut absolument aller prier sur sa tombe. Il s’y endormit, et en se réveillant il se trouva guéri. Le miracle fit grande rumeur : Ysengrin apprenant que dame Copette étoit vraie martyre, se souvint d’un tintement douloureux qu’il avoit dans l’oreille. Rooniaus, son conseiller ordinaire, le conduisit et le fit prosterner sur la tombe ; tout aussitôt, il fut guéri. C’est de lui-même qu’on le sut : mais s’il n’eût pas été téméraire de révoquer en doute une chose d’aussi bonne créance, si d’ailleurs Rooniaus ne l’eût pas attestée, on n’auroit peut-être pas ajouté toute la foi désirable à la guérison d’Ysengrin.

L’annonce de ce double miracle fut accueillie par le plus grand nombre avec une faveur mar-