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QUARANTE-SIXIÈME AVENTURE.

un bassin de pur argent. Le bassin, rempli d’une eau claire et limpide, est présenté aux deux écuyers qui après avoir lavé disent à demi-voix aux varlets : « Frères, allez prendre les denrées que nous avons laissées au bas du degré, et n’oubliez pas nos chevaux. » Les varlets s’éloignent : l’un se charge de déposer les quartiers de biche et de sanglier dans le garde-manger, l’autre conduit les chevaux à l’écurie, les fournit de foin et d’avoine, leur prépare une bonne litière et revient dans la salle où les écuyers avoient pris place auprès de Madame Florie. Les nappes repliées et les tables levées, on se dispose à retourner au bois, afin d’y chercher la venaison nécessaire pour bien recevoir ceux qu’on attend le lendemain. Le chasseur est amené, les levriers sont accouplés, et tous entrent dans la forêt.

Ils n’y furent pas longtemps sans lever un grand cerf de quatre cors, lequel ne jugea pas à propos de les attendre. Les chiens lâchés se mettent à sa poursuite avec ardeur. Le cerf les auroit pourtant lassés, sans un archer qui de loin lui décocha une flêche, l’atteignit au flanc, et le fit tomber sanglant et sans force. Les levriers accourent et le déchirent ; le cerf demeure au pouvoir des veneurs. On relie alors les chiens, et l’on confie cette belle proie aux soins de deux écuyers qui le