Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
LES ENFANTS DE DROUINEAU.

CINQUANTE-ET-UNIÈME AVENTURE.

Comment Renart fit rencontre de Drouineau, et comment un bienfait est quelquefois perdu.



Plus gai, plus dispos que jamais, Renart à quelques jours de là sortit de son château, et se trouva bientôt devant un cerisier couvert des plus belles cerises. Sur l’arbre étoit un moineau sautillant de branche en branche. « Bon appétit, ami Drouin, » lui dit Renart. « N’es-tu pas heureux au milieu de ces beaux fruits ? — Ils sont excellens, » lui répond l’oiseau ; « mais j’en suis rassasié, et je vous les abandonne, damp Renart, si vous ne les dédaignez pas. — Il faudroit d’abord les atteindre, et je ne saurois le faire. Passe-m’en, je te prie, quelques-unes, pour que je puisse au moins juger de leur goût. — Comment, messeigneurs les Renarts mangent des cerises ? » dit Drouineau, « je ne le croyois pas. Je vais vous en envoyer, tant et tant que vous voudrez. — Merci, frère, » répond Renart, « au moins quand je les tiendrai. »

Drouineau lui jette un nœud de trois cerises, et Renart les mange avec plaisir. « D’autres