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LES ENFANTS DE DROUINEAU.

noit à la maladie du roi Noble. J’ai voyagé en Angleterre, j’ai visité le pays des Irois et des Escots. J’ai tant fait, que j’ai guéri le Roi, et c’est en récompense de ce grand service qu’il m’a donné la charge de châtelain de ces contrées.

— Eh bien ! dites-moi comment mes enfans pourront guérir. — Mon cher Drouineau, il les faut baptiser ; dès qu’ils seront devenus de petits chrétiens, ils ne sentiront plus de goutte. — Je le croirois bien volontiers, » répond Drouineau ; « mais il faudroit un prêtre, et je n’en connois point. — Un prêtre ? » dit Renart, « et moi, ne le suis-je donc pas ? — Pardonnez-moi, sire châtelain, je l’ignorois. Mais est-ce que vous voudriez bien les baptiser ? — Oui, sans doute ; et d’abord, je donne à l’aîné le nom de Liénart ; nous passerons ensuite aux autres. — Oui, oui ! » dit Drouineau, « l’aîné d’abord, c’est le plus malade. »

Il rentre alors au nid, en tire le plus fort de ses enfans et le jette dans le giron de Renart, qui le met aussitôt à l’ombre de son corps. Drouin retourne au nid, prend les autres et les lance tour-à-tour au mauvais clerc qui les rend chrétiens de la même manière. « Surtout, » disoit le confiant Drouineau, « baptisez-les bien. — Sois tranquille, je t’assure qu’à l’a-