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NOUVELLE ÉTUDE

et le Renart contrefait, ne sont pas compris dans les volumes particulièrement nommés roman de Renart.

Nous conservons à Paris sept de ces anciens recueils ; sur les sept, cinq commencent par la branche du Jugement ; dans l’ordre des récits, ce devroit être la dernière. Les deux autres manuscrits laissent la première place aux branches qui sont en effet les premières de l’œuvre générale. Méon a du moins eu le bon esprit de commencer son édition par le véritable commencement ; mais s’il eût préféré la disposition la plus ordinaire, qui donnoit au Jugement la première place, peut-être M. Grimm n’auroit-il pas eu l’idée de soutenir que le modèle des imitations allemandes étoit perdu. Il y avoit, comme on voit, cinq contre deux à parier que les étrangers connoîtroient la collection de nos fabliaux de Renart par les textes qui plaçoient au premier rang le Jugement. Voilà comment ils pourroient donc avoir été conduits à commencer leurs imitations par cette branche ; d’autant mieux qu’elle leur permettoit d’intercaler plusieurs des aventures en vertu desquelles Renart étoit mis en accusation ; et c’est ainsi que, sans le moindre effort, ils auroient introduit dans leurs imitations une régularité qui n’existoit pas dans l’original.

Mais je crois plutôt que les imitateurs étrangers du treizième siècle ou, si l’on veut, du douzième, ne connurent de notre Renart que la grande branche du Jugement. L’œuvre de Pierre de Saint-Cloud, si remarquable d’invention et de style, les branches de Chantecler, la vengeance de Drouineau, les épisodes de Primaut et de Tybert furent toujours pour eux lettre close. Au lieu de remplir les vides que laissoit le Jugement avec d’aussi char-