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RENART ET LES HARENGERS.

SEPTIÈME AVENTURE.

Comment Renart fit rencontre des Marchands de poisson, et comment il eut sa part des harengs et des anguilles.



Renart, on le voit, n’avoit pas toujours le temps à souhait, et ses entreprises n’étoient pas toutes également heureuses. Quand le doux temps d’été faisoit place au rigoureux hyver, il étoit souvent à bout de provisions, il n’avoit rien à donner, rien à dépendre : les usuriers lui faisoient défaut, il ne trouvoit plus de crédit chez les marchands. Un de ces tristes jours de profonde disette, il sortit de Maupertuis, déterminé à n’y rentrer que les poches gonflées. D’abord il se glisse entre la rivière et le bois dans une jonchère, et quand il est las de ses vaines recherches, il approche du chemin ferré, s’accroupit dans l’ornière, tendant le cou d’un et d’autre côté. Rien encore ne se présente. Dans l’espoir de quelque chance meilleure, il va se placer devant une haie, sur le versant du chemin : enfin il entend un mouvement de roues. C’etoit des marchands qui revenoient des bords de la mer, ramenant des harengs frais, dont,