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Page:Les comités des droits féodaux et de législation et l'abolition du régime seigneurial, 1789-1793.djvu/51

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I. GENERALITES. 7 Je ne veux nuire à personne, mais mon état et ma religion m’obligent à prendre le parti des malheureux ; je suis témoin de leurs malheurs et de leur misère, je puis et dois demander qu’on guérisse les plaies profondes qu’on leur a faites, et, avec la noble hardiesse que l’Evangile me permet, je prends la liberté de le faire et d’inviter surtout le haut et riche clergé à donner l’exemple ; c’est le seul et unique moyen pour voir finir ces jours d’horreur et de cala- mité, et pour que la religion reprenne toute sa force et tous ses droits. 2. Mémoire de Trippier, échevin à Bar-sur-Aube (Aube). 1 9 août 1789. [D XIV, 2.] Monseigneur, Les habitants des provinces frontières brûlent les châteaux et les titres des seigneurs pour anéantir les restes de la tyrannie féodale sous laquelle ils gémissaient. Quelques contrées de la Champagne sont menacées d’une semblable dévastation. Il paraît que le peuple français est absolument décidé à se soustraire au payement de toutes les redevances seigneuriales attentatoires à la liberté des personnes et des propriétés d’autrui. L’Assemblée nationale peut d’un seul mot rétablir le calme dans toute la France, en faisant promulguer une loi concordante avec le vœu général d’un peuple libre. Si la nation ne pouvait devenir franche tenancière qu’en rem- boursant les cens, lods et ventes, les dîmes inféodées, les bana- lités, minages, péages, dîmes ecclésiastiques, etc., les roturiers seraient exposés à payer une seconde fois l’équivalent de la valeur de leurs propriétés ; les procès seraient plus que jamais multipliés pour faire décider du mérite ou du vice des prétendus titres du sei- gneur d’une paroisse. Les seigneurs profiteraient du prix des af- franchissements, et ils se donneraient bien de garde de racheter les mouvances féodales qu’ils ont intérêt de perpétuer pour conserver de grandes propriétés au préjudice des cultivateurs, qui sont ré- duits à la dernière misère par l’impossibilité d’acquérir des por- tions de biens nobles presque toujours substitués de mâle en mâle. On publie avec enthousiasme que la France est une terre libre, et on enchaîne au profit d’une certaine classe d’hommes les pro- priétés du plus grand nombre des Français. On veut que la pro-