Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/20

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l’activité du malheureux noir et la productivité de son sol. Le terrain qui lui est laissé est condamné de par le commissaire général à produire un tiers en moins que la même superficie faisant partie des terres concédées à une des compagnies financières et agricoles qui exploitent le Congo. Cette énormité est mathématiquement formulée dans l’arrêté sur lequel nous avons à deux reprises appelé toute l’attention du ministre des colonies[1].

Je viens de mentionner ces compagnies concessionnaires du Congo qui font en ce moment beaucoup trop parler d’elles. Qu’il me soit à ce propos permis de rappeler l’énergique protestation que le Comité de Protection et de Défense des indigènes formula en 1896 contre les « compagnies à charte[2] ». L’événement ne nous a-t-il pas cruellement donné raison ?

Je viens, Messieurs, de vous signaler quelques-unes des iniquités illégales qui pèsent sur nos sujets ou sur nos protégés.

Je viens de fatiguer votre attention ; et cependant je n’ai pas parlé encore d’une bien singulière anomalie qu’aucun législateur, encore moins, aucun administrateur n’a jamais systématiquement organisée, préparée, je me le persuade du moins et qui cependant existe dans un bon nombre de nos colonies.

Nos sujets de Madagascar, de la Nouvelle-Calédonie, du Congo et de plusieurs autres colonies sont réputés français, non pas citoyens français. Dans le monde romain, le vaincu pouvait être élevé au de citoyen romain : le Malgache, le Soudanais, le Canaque, ne peut, dans l’état actuel de la législation, devenir citoyen français.

  1. Les lettres du Comité, en date du 2 Mai et du 12 Octobre 1905, ont été publiées dans l’Européen du 13 Mai et du 21 Octobre ; dans le Rappel du 20 Mai et du 19 Octobre 1905. Les lettres du Ministre au Comité ont été publiées dans l’Européen du 27 Mai et du 21 Octobre. Cf. le Rappel du 21 Mai et du 19 Octobre, le Petit Temps du 20 Mai et le Temps du 23 Mai 1905.
  2. La lettre du Comité est datée du 23 mai 1896. Voir le Soleil du 13 juin 1896, la Justice du 1er  juillet, le Moniteur universel du 14 juin, le Moniteur de l’Algérie du 7 juillet, etc.