Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/30

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à tout prix pour mettre un terme à cet état de choses.

1° — L’autorité est radicalement mauvaise en pays colonial, parce qu’elle n’émane à aucun degré de la population, parce qu’elle n’est soumise à aucun contrôle effectif, parce que sa responsabilité n’est qu’une plaisanterie. Tant qu’on confiera, loin de toute surveillance, en dehors de toute action possible de l’opinion, à des jeunes gens frais émoulus de l’École, un pouvoir illimité, un droit de vie et de mort, dans des circonscriptions grandes comme des États européens, sur des hommes appartenant à une autre race, il faut s’attendre non seulement aux coups de folie de l’Africanite, aux aberrations individuelles, mais à un système de caprice, de tyrannie, de meurtre, de rapine et de viol.

2°. — L’autorité a jugé bon de remettre un démembrement de l’omnipotence qui est déjà si dangereuse entre ses mains à des concessionnaires, compagnies ou particuliers, et à leurs agents. On a confondu l’impôt et le trafic. On a mis les forces publiques au service de l’intérêt personnel. On a créé des fiefs où règne une intolérable oppression doublée d’une anarchie sans bornes. Des ministres coupables ont commis ces attentats aux principes de notre droit publie et ont en même temps livré à leurs créatures des litres que ceux-ci entendent faire valoir contre le trésor français, le jour peu éloigné où, conformément aux Conventions, une conférence internationale proclamera la déchéance ou plutôt l’inexistence de monopoles constitués contrairement à l’égalité obligatoire et à la liberté du commerce.

3° — Donc l’humanité est outragée, nos lois sont violées ; une école de meurtre et de dol est ouverte en notre nom ; les indigènes sont acculés à la haine et bientôt, comme à leur suprême espoir, à de sanglantes vêpres ; les richesses du sol sont gaspillées ; le commerce est tué dans l’œuf ; le trésor va se trouver appelé à indemniser ceux-là mêmes qui ont contribué à créer cette banqueroute, des prétendues pertes qu’ils diront avoir subies.

4° — L’heure a sonné de liquider cette folie. Je