celle-ci, encore ignorante d’elle-même, doit lutter avec l’égoïsme, l’orgueil, l’amour-propre et quelles étapes elle doit franchir avant de « voir clair dans son cœur ». Ce sujet fait le fond de presque toutes les comédies de Marivaux : le Jeu de l’Amour et du Hasard (1730), le Legs (1736), les Fausses Confidences (1737)… Marivaux groupe autour de son sujet tout intérieur des personnages très fantaisistes, très élégants, et qui font penser à la fois à la comédie italienne et aux toiles de Watteau. Ses qualités profondes sont évidemment filles de Racine, mais par la grande place qu’il fait à la sensibilité sans pour cela tomber jamais dans la sensiblerie, par l’esprit de ses analyses, par la légèreté de sa manière, il appartient bien à son siècle.
Marivaux a laissé plusieurs romans dont deux inachevés : la Vie de Marianne et le Paysan Parvenu qui poussent eux aussi à l’extrême la délicatesse de l’analyse. Mais leurs personnages appartiennent plus à leur temps que ceux des comédies. Ils s’étudient sans cesse eux-mêmes, ont résolu de se pousser dans le monde et y arrivent en effet, Marianne par les hommes, et Jacob, le paysan parvenu, par les femmes. De petits tableaux populaires coupent agréablement ces analyses un peu subtiles.
Mais le grand maître du roman est alors l’abbé Prévost (1697-1763), qui d’abord novice chez les jé-