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Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume II.djvu/17

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le xviiie siècle

qui devait vaincre pour toujours l’ignorance et répandre partout les idées nouvelles.

Denis Diderot

Ce Diderot (1713-1784) que l’Encyclopédie venait de révéler, était un argumentateur brillant. Dans ce triomphe de rationalisme, il apparaît bien comme le moins raisonnable des hommes. Les grands esprits du siècle, Bayle, Fontenelle, Montesquieu, Voltaire lui-même à ses heures, se souciaient surtout d’examiner froidement les faits et ne se prononçaient jamais sans un sourire de scepticisme. Diderot, plus qu’un esprit, est un tempérament. Fils d’un coutelier de Langres, il avait connu la misère ; il a tous les caractères de l’homme du peuple : promptitude à se décider et à se passionner, force surabondante, désir de jouir, bonté du cœur, et vulgarité. Aussi le meilleur régime politique et la meilleure doctrine morale lui paraissent devoir être ceux qui permettront le libre développement des facultés de l’individu, la satisfaction de tous ses instincts. Le sentiment, qui n’est en somme que la supérieure de l’instinct, voilà son Dieu, voilà la religion qu’il préconisera toute sa vie et dans toutes ses œuvres, qu’il s’agisse de ses petits romans comme la Religieuse (1760), le Neveu de Rameau (1761), Jacques le Fataliste (1773), de ses écrits philosophiques comme le Rêve de d’Alembert (1769), le Supplément au Voyage de Bougainville (1772), de ses drames comme le Fils naturel (1757), le Père de Famille