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la seconde moitié du xixe siècle

gereux que l’exaltation peut faire naître dans les esprits. L’apparition de ce livre fut un gros événement littéraire. Aux dons d’observation de Balzac, Flaubert joignait un perpétuel souci d’art que Balzac n’avait jamais eu. Serrant la vérité de près, il avançait avec prudence, toujours mesuré, toujours sobre, comique, douloureux, ironique, romanesque, tragique, vrai comme la vie, mais à ce souci de la vérité joignait la passion du mot propre, du maximum d’effet par le minimum de moyens. Ce goût classique pour la pureté, pour la perfection de l’œuvre, il l’applique à tous les sujets, à un sujet bourgeois comme Madame Bovary, même à un sujet romantique comme Salammbô, roman archéologique puissamment, magistralement documenté, et écrit avec une couleur qui rappelle Gautier en le dépassant. Cette fusion des grandes qualités empruntées à deux tendances qui semblaient si bien s’opposer, marquera la manière nouvelle. Toute l’époque moderne en découle.

Il faut citer, en passant, le titre d’un livre d’Eugène Fromentin (1820-1876). Ce peintre de valeur, entre quelques ouvrages de critique, donna un roman psychologique, dans la manière d’Adolphe. Dominique (1863) est considéré aujourd’hui, à peu près universellement, comme un chef-d’œuvre, le chef-d’œuvre unique que peut écrire dans le genre psychologique tout écrivain sensible qui sait s’observer lui-même.

Cependant une école se forme, qui, s’attachant à donner à ses œuvres une valeur documentaire, s’intitulera elle-même : École naturaliste. On a vu précé-