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Page:Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578.pdf/123

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LXX.



Le trefle presageant l'orageuse tempeste,
Dresse pour s'exempter de l'injure du sort,
Ses feuilles comme un cercle : esperant que l'effort,
N'outragera le chef de sa debile creste.

Ainsi moy prevoyant ce que le Ciel m'appreste,
Et vainement fuyant la cause de ma mort :
Alors que la fureur me bourrelle plus fort,
Mon poil en ceste horreur se dresse sur ma teste.

Mais rien ne me deffend de mon sort inhumain,
Car pour doubler ma peine il fait que de ma main,
Me donnant mille coups du repos je me prive.

Il me rend furieux en mon adversité,
Et suis (ô fier destin) comme un flot irrité,
Qui court bruyant sa mort à l'escumeuse rive.


LXXI.



Quand d'un sort desastré le sanglier homicide,
S'asseurant en sa peur parmy les espaisseurs
Du boys Idalien, de ses crocs deffenseurs
Deschira l'un des flancs du beau Cynareïde.

Lors qu'encor haletant la molle Dionide
L'apperceut s'escria, ô grands Dieux punisseurs,
O Cieux, ô Dieux, ô Cieux : puis d'ongles meurtrisseurs,
Pourpra de sang la peau de son visage humide.

Le dueil eut tel pouvoir que voellant sa raison,
Sans plus dresser en haut sa plaintive oraison,
Invoqua coup sur coup la mort & les furies.

O justes deïtez daignez vous secourir,
La mortelle qui fait un immortel mourir :
Exerceant contre luy mille bourrelleries.