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LXXVIII.



Jamais l'homme n'est sage, avant qu'une follie
Ayt tiré de l'erreur sa debille raison :
Jamais le repentir qui vient hors de saison
Ne guerit la douleur dont une ame est saisie.

Jamais je n'apperceu le fillet qui me lie,
Esclave de la honte, en si longue prison :
Jamais je ne goutay l'homicide poison,
Dont a noyé mes sens ma cruelle Telie.

Bien qu'encor mon Dupport tu m'eusses avancé
Les presages du mal qui me rend insensé,
Lisant dessus mon front ma misere fatalle,

Aussi pour ne te croire helas je suis deceu,
Comme Anthoine jadis se veit, pour n'avoir creu
Pisaure, Albe, Patras, Bache, Eumene, & Atale.


LXXIX.



N'ayant encor senti en ma chaste poictrine,
Ny au flanc l'esguillon de l'enfant de Cypris :
je contemplois le Ciel d'une merveille espris,
Admirant les secrets du'encerne sa machine.

Et recerchant à part en quelle ordre chemine
La grand lampe du jour, si par corps ou esprits
Mouvent les ornemens de ces ample pourpris,
Et par quel jugement tout aux Cieux se termine :

Comme l'an est parti par ses quatre saisons,
Comme le Soleil entre en ses douze maisons,
Et par quel art la Terre en ballance est pendue.

J'entr'ouy une voix predissant mon trespas,
Qui me dit va trouver une Nimphe là bas,
Que pour te surmonter le Ciel mesme a esleue.