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Le 9 mars 1923, la 3e division d’infanterie tout entière était envoyée dans la Ruhr pour les motifs que l’on connaît, ce qui devait encore compliquer la question de la dissolution du 54e, lequel existait toujours, ne devant disparaître que le 1er avril.

Le même jour, en présence des anciens officiers du corps, le lieutenant-colonel Marminia présentait, dans la cour de la caserne Royallieu, le drapeau du 54e au régiment rassemblé. Cette cérémonie fut empreinte d’une tristesse profonde et vraie. Bien des larmes coulèrent.

Nous passons la parole au Progrès de l’Oise du 13 mars 1923.

LES ADIEUX AU DRAPEAU DU 54e
« Une imposante et poignante cérémonie s’est déroulée le vendredi 9 mars 1923, à la caserne de Royallieu.
Le colonel Marminia présenta une dernière fois son drapeau au 54e, réuni au complet sur le terre-plein des casernes.
À 10 heures, le drapeau, porté par le lieutenant Fagard et escorté des fanions, arriva au milieu du carré formé par la troupe. Après la sonnerie Au Drapeau, le Colonel Marminia, d’une voix claire mais émue, prononça le vibrant et patriotique discours suivant :
Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 54e,
J’ai l’honneur de vous présenter pour la dernière fois le drapeau de votre Régiment.
Au moment où les écussons du 54e quittent votre collet, inclinez-vous pieusement devant lui. Il a conduit à l’honneur des générations de soldats.
Je salue respectueusement les anciens du 54e qui sont à nos côtés. Par leur présence au milieu de nous, ils viennent attester de leur fidélité à notre drapeau et au bouton qu’ils ont porté, en même temps qu’ils nous apportent le plus fraternel témoignage de sympathie. À eux se sont joints les officiers des autres corps de la garnison : 15e régiment de Chasseurs et 2e bataillon d’Aérostiers, qui viennent vous prouver que la camaraderie militaire, toute de délicatesse, existe surtout aux heures graves que nous vivons en ce moment.
Mes chers camarades, vous avez connu notre drapeau encore endeuillé des tristesses de 1870. Vous l’avez vu tout frémissant de prendre sa revanche. C’est à son ombre que vous avez instruit pour vaincre les soldats de 1914, les vainqueurs de la Marne.
Soldats de la classe 21, vous pensiez terminer votre temps de service dans quelques jours, le Boche ne l’a pas voulu. Il suffit. Votre sacrifice est fait. Vous n’êtes pas de ceux qui se laissent intimider et vous avez dans les veines du sang de vainqueurs.
Vous resterez jusqu’à l’arrivée des bleuets de 1923 à la garde du drapeau.
Et vous, jeunes hommes de 1922, vous étiez fiers d’être les héritiers de ces poilus qui, au cours des quatre années de la grande guerre, ont écrit de