l’adjudant Jalinot embrassèrent une dernière fois le glorieux emblème de notre beau régiment.
Le commandant Leveau, des Aérostiers, avec tout son bataillon, beaucoup d’officiers du 15e Chasseurs, des anciens officiers du 54e, tels les commandants Keller, de Bernières et Legrand, étaient venus apporter à leurs camarades toute leur sympathie et leurs regrets.
Nos petits troupiers sont rentrés dans leur cantonnement pour se préparer au départ. Samedi, à 15 heures, ils s’embarquaient pour la Ruhr. »
Le 54e était envoyé à Dortmund sous le commandement du
Colonel du 67e.
Le 30 mars, l’écusson du 54e disparaissait du collet des uniformes
et le Général Douchy commandant la 3e division d’infanterie
adressait l’ordre du joursuivant de son Quartier général de Castrop.
« Au moment où le 54e et le 72e Régiment d’infanterie sont dissous, le Général commandant la 3e division d’infanterie adresse à ces vieux et glorieux régiments son « au revoir » le plus ému.
« Depuis le jour où il a eu l’honneur d’avoir le 54e et le 72e sous ses ordres, le Général n’a eu qu’à se louer de leur moral, de leur discipline et de leur confiance en leurs chefs.
« Le 54e et le 72e nevont pas mourir ; leurs drapeaux resteront aux Invalides sur les lauriers de la vieille France et ceux de la Grande Guerre jusqu’au jour où un nouvel appel de la patrie en danger regrouperait autour d’eux les fils des vainqueurs d’Austerlitz, de Friedland, de la Marne et de Verdun, et ceux de Marengo, Wagram, Maurupt et Bouchavesnes. »
Cependant les éléments restés à Compiègne se débattaient dans
de nombreuses difficultés auxquelles s’ajoutait le sentiment pénible
de voir s’effacer chaque jour quelque souvenir du 54e. C’est ainsi
que l’ordre était donné de faire disparaître ce numéro partout
où il pouvait encore subsister dans les bâtiments militaires, dans
les papiers administratifs ou autres.
Le drapeau lui-même qui était resté à la salle d’honneur de
Royallieu partit pour Soissons.
Les fanions des compagnies et des bataillons sont maintenant
à l’Hôtel de Ville de Compiègne et bien des souvenirs (diplômes,
photographies, gravures, etc.) ont été gardés à Royallieu par les
soins d’officiers et de sous-officiers qui ne voulaient pas laisser
périr la mémoire de leur régiment.
Grâce à eux, le souvenir du 54e n’est pas mort et le commandement
lui-même favorise désormais tout ce qui peut le conserver.