deux couches de colle. Après que le mordant a été posé, non pas pendant qu’il est frais, mais à demi-sec, on y pose l’or en feuilles. On peut faire de même avec l’ammoniaque quand on agit rapidement, car il est bon pendant qu’on le pose, et ce procédé sert plus à dorer des selles, des arabesques et d’autres ornements que toute autre chose. On peut aussi moudre de l’or en feuilles, dans une tasse de verre, avec un peu de miel et de gomme ; ce procédé est employé par les miniaturistes, et par quantité d’artistes qui se plaisent à dessiner au pinceau des profils, et à faire de fines lumières dans les peintures. Tous ces procédés sont très beaux ; mais comme ils sont nombreux, je n’en parlerai pas davantage.
Chapitre XV. — De la mosaïque de verre ; à quoi l’on reconnaît celle qui est bien exécutée et estimée.
Comme nous avons longuement parlé antérieurement, dans le
sixième chapitre de l’Architecture, de la mosaïque, indiqué ce que
c’est, et comment on la fait, nous continuerons en nous occupant
maintenant de ce qui relève plus particulièrement de la peinture. C’est
un art vraiment magistral de pouvoir tenir les morceaux rassemblés
avec tant d’union que la mosaïque paraisse de loin être une peinture
remarquablement belle. Ce genre de travail demande de la pratique et
un grand jugement, ainsi qu’une profonde intelligence de l’art du
dessin. Qui perd de vue dans les dessins le sens de la mosaïque, en
accumulant dans les compositions une abondance de figures et en
exagérant la fragmentation des morceaux, amène de la confusion. Il
faut que le dessin des cartons que l’on fait en prévision du travail soit
franc, large, facile et clair ; il doit avoir de l’ensemble, dans une
belle et bonne manière. Celui qui saura rendre dans son dessin la
puissance des ombres portées, qui leur donnera peu de lumières et
beaucoup de teintes foncées, avec de grands espaces et des fonds,
celui-là, plus que tout autre, fera une mosaïque qui sera belle et bien
ordonnée. La mosaïque demande beaucoup de clarté en soi, avec une
certaine obscurité fondue dans les ombres ; il faut la composer avec
une discrétion extrême, en éloignant le point de vue, afin qu’elle
paraisse être une peinture, et non pas de la marqueterie de morceaux
assemblés. Aussi celles qui rempliront ces conditions seront-elles
bonnes et louées de tous. Certes c’est le genre de peinture le plus
durable qui soit. Tous les autres disparaissent avec le temps, tandis
que celui-ci gagne continuellement une fois en place. En outre, la