Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/130

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de Saint-Pierre de Rome, au-dessus des portes, et qui sont traitées à la manière grecque, en mémoire de quelques Pères, qui avaient combattu pour la Sainte Église dans les conciles. Il en est de même de quantité d’œuvres du même style, qui existent dans la ville et dans l’exarchat de Ravenne, en particulier celles que l’on voit à Santa Maria Ritonda[1], hors de cette ville, et qui sont un peu postérieures à l’expulsion des Lombards d’Italie. Je ne passerai pas sous silence que, dans cette église, il y a une chose merveilleusement remarquable : c’est la voûte ou coupole qui la recouvre. Bien qu’elle soit large de dix brasses, et qu’elle serve de toit ou de couverture à cette construction, elle est néanmoins d’un seul morceau, si énorme qu’il paraît presque impossible qu’un bloc de la sorte, pesant plus de deux cent mille livres, ait été posé si haut. Pour revenir à notre sujet, on vit sortir des mains des maîtres de cette époque, ces statues bouffonnes et grotesques qui existent encore maintenant dans les œuvres anciennes. Il en fut de même pour l’architecture. Comme il fallait construire, que la forme et la bonne manière étaient entièrement perdues, tant à cause de la mort des artistes que par la ruine et la disparition des beaux monuments, ceux qui s’adonnèrent à cette profession n’édifiaient que des œuvres, qui, pour l’ordonnance et les mesures, n’avaient ni grâce, ni dessin, ni aucune proportion. Alors surgirent de nouveaux architectes qui, s’inspirant de la barbarie de leurs nations, élevèrent ces édifices dont la manière s’appelle aujourd’hui tudesque. Les œuvres qu’ils produisaient paraissent à nous autres modernes plus ridicules qu’à eux estimables. Finalement, les meilleurs d’entre les artistes trouvèrent une forme meilleure et rappelant un peu la bonne forme antique, dans laquelle nous voyons, par toute l’Italie, les plus vieilles églises, à l’exception des antiques, avoir été édifiées par eux. C’est ainsi que nous avons de Théodoric, roi d’Italie, un palais à Ravenne, un palais à Pavie, et un autre à Modène, tous construits dans une manière barbare, plus riches et spacieux que bien compris et d’une bonne architecture. On peut en dire autant de Santo Stefano, à Rimini, de San Martino de Ravenne, et du temple de San Giovanni Evangelista, élevé dans cette ville par Galla Placidia, vers l’année 438 de notre ère, de San Vitale, qui fut édifié l’an 547, et de la Badia de Classi di fuori, en somme de quantité d’autres monastères et temples édifiés depuis les Lombards. Comme on l’a déjà dit, tous ces édifices sont

  1. Ancien tombeau de Théodoric.