Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/169

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première création de la bonne architecture qui fut ensuite en usage, j’ajouterai que, d’après ce qu’on en voit, la tribune a été faite ultérieurement. A l’époque où Alesso Baldovinetti, et ensuite Lippo, peintre florentin, restaurèrent ces mosaïques, on s’aperçut que la voûte avait été anciennement peinte et dessinée en rouge, et entièrement travaillée en stuc. Andrea Tafi, donc, et Apollonius divisèrent la tribune en cercles qui, partant de la lanterne, allaient en s’élargissant tomber sur la corniche inférieure [1]. Le premier renferme tous les ministres et exécuteurs de la volonté divine, c’est à dire les Anges, les Archanges, les Chérubins, les Séraphins, les Puissances, les Trônes et les Dominations. Le second, traité à la manière grecque, comprend les principales actions de Dieu, depuis la Création de la Lumière jusqu’au Déluge. Le cercle suivant, qui va en s’élargissant le long des huit faces de la tribune, représente l’histoire de Joseph et de ses onze frères. Ensuite, viennent d’autres cercles de la même grandeur où se trouve traitée la vie de Jésus-Christ, depuis le moment où il fut conçu dans le sein de sa mère jusqu’à son ascension au ciel. Puis, sous les trois frises, la vie de saint Jean-Baptiste, depuis l’apparition de l’Ange à Zaccharie jusqu’à la décollation et l’ensevelissement du saint par ses disciples. Toutes ces mosaïques sont grossières, sans dessin et sans art, et, comme il n’y a en elles que la manière grecque de cette époque, je ne les loue que eu égard au mode de faire de ces temps et à l’imperfection où se trouvait alors l’art de la peinture. Toutefois le travail est solide, et les morceaux de verre sont très bien assemblés ; en outre, les dernières parties de cette œuvre sont bien meilleures, ou, pour mieux dire, moins mauvaises que les premières. Le tout, comparé à ce qu’on fait à présent, excite plutôt le rire que l’admiration. Finalement, Andrea Tafi exécuta, sans l’aide d’Apollonius, le Christ haut de sept brasses qu’on voit encore maintenant sur cette tribune, au-dessus de la plate-bande de la grande chapelle. Étant devenu célèbre par ces travaux dans toute l’Italie, et considéré dans sa patrie comme un maître excellent, il mérita d’être grandement honoré et récompensé. Il en arriva de même à Fra Jacopo da Turrita[2], franciscain ; ayant fait les mosaïques qui sont dans le chœur [3] de San Giovanni, derrière l’autel, bien qu’elles fussent médiocres, il en

  1. Toutes les mosaïques du Baptistère existent encore ; leur attribution à Andrea Tafi est très incertaine.
  2. Vasari a probablement confondu sous ce nom deux artistes différents.
  3. Ajouté en 1200. Dans cette mosaïque qui est de 1225, se trouve le nom de JACOBUS SANCTI FRANCISCI FRATER.