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Pietro Laurati et Simone Memmi de Sienne, Stefano de Florence et Pietro Cavallini de Rome.

On rapporte que Giotto, dans sa jeunesse, peignit un jour d’une manière si naturelle une mouche sur le nez d’une figure commencée par Cimabue, que ce maître étant de retour et voulant se remettre au travail, essaya plusieurs fois de la chasser avec la main, avant de s’apercevoir de sa méprise. Je pourrais raconter mainte plaisanterie de Giotto, mais je me contente de celle-ci qui a quelque rapport à l’art et j’abandonne le reste à Boccace, Sacchetti et aux autres.

Finalement, pour honorer la mémoire de Giotto, transmise à la postérité non seulement par les œuvres qui sortirent de ses mains, mais encore par les louanges des écrivains de son temps, un décret public et la volonté particulière de Laurent le Magnifique de Médicis décidèrent que son buste en marbre, sculpté par Benedetto da Majano, maître excellent, serait placé à Santa Maria del Fiore, et, pour donner à tous ceux qui réussiraient dans leur profession l’espérance d’être honorés de la même façon, le divin Messer Angelo Poliziano composa et fit graver sur son tombeau l’incription qu’on y voit encore.



AGOSTINO et AGNOLO
Sculpteurs et architectes siennois ; naissance (?), mort avant 1350

Parmi tant d’autres qui sortirent de l’école de Niccola et de Giovanna de Pise, Agostino et Agnolo, sculpteurs siennois [1], devinrent des artistes excellents pour leur époque ; ils naquirent de père et mère siennois et leurs ancêtres furent architectes, qui, sous le gouvernement des trois consuls, l’an 1190, construisirent avec grand talent la fontaine de Fontebranda [2], et l’année suivante, sous le même consulat, la Douane [3] de cette ville, ainsi que d’autres édifices. Agostino et Agnolo, perfectionnant grandement la manière des deux maîtres pisans, enrichirent l’art d’un meilleur dessin et de plus d’invention, comme leurs œuvres le montrent ouvertement. On raconte que, lorsque Giovanni Pisano revint de Naples à Pise l’an 1284, et

  1. On admet actuellement qu’ils n’étaient pas frères. M. Milanesi a mis en avant qu’il s’agit de deux artistes contemporains appelés Agostino di Giovanni et Angelo di Ventura.
  2. Mentionnée déjà en 1081 et restaurée en 1193 par un certain Maestro Bellamino.
  3. Commencée en 1194, elle fit partie plus tard du Palais Public.