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des portes de San Giovanni, dont Giotto avait fait un admirable dessin. Il fut choisi pour ce travail, parce qu’on le jugea le maître le plus habile, le plus pratique et le plus entendu, non seulement en Toscane, mais encore de toute l’Italie. Il résolut donc de n’épargner ni temps, ni peines, ni soins, pour mener à bonne fin une œuvre si importante, et, dans ce temps où l’on ne connaissait pas les procédés qu’on emploie de nos jours, la fortune lui fut si propice dans ses coulées qu’en l’espace de vingt-deux ans il amena sa porte au point de perfection où on la voit aujourd’hui[1]. Bien plus, dans le même temps, il fit non seulement le tabernacle du maître-autel de San Giovanni[2] avec deux anges qui l’encadrent, travail véritablement admirable, mais encore, sur les dessins de Giotto, les figurines de marbre qui surmontent la porte du campanile de Santa Maria del Fiore et, sur le pourtour du campanile, les médaillons sculptés en demi-relief qui représentent les sept planètes, les sept vertus et les sept œuvres de miséricorde. À cette époque se rapportent également les trois statues hautes de quatre brasses, qu’on a placées dans les niches du campanile, sous les fenêtres qui regardent la Confraternità della Misericordia, c’est-à-dire au midi. Toutes ces œuvres furent extrêmement admirées[3].

Pour revenir à la porte de bronze, elle est divisée en plusieurs panneaux qui représentent, en demi-relief, différents sujets de l’histoire de saint Jean-Baptiste, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, tous traités avec un égal bonheur. Bien qu’il paraisse à plusieurs que ces compotions n’offrent ni le beau dessin ni le grand art désirables, Andrea n’en mérite pas moins de très grands éloges pour avoir été le premier à conduire à bonne fin une œuvre d’après laquelle ceux qui vinrent après lui conçurent l’idée de tout ce que l’on voit de beau, de grand et de difficile dans les deux autres portes et dans l’ornementation extérieure du temple. Cette porte, entièrement terminée, polie et dorée au feu, l’an 1339, dans le travail de laquelle Andrea se fit aider par Nino, son fils, qui fut ensuite meilleur maître que son père, fut posée à l’entrée du milieu et y resta jusqu’à ce que Lorenzo Ghiberti fît celle qui y est à présent. On la transporta alors à son emplacement actuel,

  1. Commandée le 9 janvier 1330, commencée le 12 janvier 1330, terminée avant 1336 ; inscription : ANDREAS. UGOLINI. NINI. DE. PISIS. ME. FECIT. A: D: MCCCXXX, lib. X, cap. 177.
  2. Ce tabernacle, qui était de 1313, fut remplacé en 1732 par un ornement dans le style du XVIIIe siècle.
  3. Elles existent encore.