Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/209

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beaucoup d’adresse et de facilité dans l’emploi des couleurs à détrempe, comme le témoignent ses tableaux du petit hôpital de Mona Agnesa [1], à Sienne, et les fresques de la façade du grand hôpital représentant la Nativité de la Vierge, et quand elle va avec d’autres vierges au temple. Il peignit aussi le chapitre dans le couvent des Augustins de cette ville [2]. Sur la voûte, on voit les Apôtres tenant en main des feuilles sur lesquelles sont inscrites les parties du Credo que chacun a composées ; au-dessous, un petit sujet montre en peinture ce qui est rendu au-dessus par l’écriture. Sur la grande paroi, il y a ensuite trois sujets tirés de la vie de sainte Catherine, martyre, quand elle discute avec un tyran dans le temple, et au milieu la Passion du Christ avec les larrons en croix et les saintes Maries soutenant la Vierge évanouie. Toutes ces choses furent rendues par lui avec beaucoup de grâce et une belle manière.

Dans le Palais de la Seigneurie de Sienne, il représenta, dans une grande salle, la guerre d’Asinalunga [3], et la paix qui la suivit [4]. Ce même édifice renferme encore de lui une cosmographie remarquable pour l’époque, et onze fresques en camaïeu vert [5]. On dit aussi qu’il envoya à Volterra un tableau en détrempe qui fut très loué dans cette ville[6] ; qu’à Massa, peignant avec d’autres une chapelle à fresque et un tableau en détrempe[7]), il leur fit voir ce que valait son jugement et son esprit ; enfin qu’à Orvieto il peignit à fresque la grande chapelle de Santa Maria [8].

Étant ensuite allé à Florence, il se rendit au désir de ses amis, qui voulaient voir sa manière de travailler, et peignit à San Procolo un tableau[9], et dans une chapelle plusieurs petits sujets tirés de l’histoire de San Niccolo[10]. Cette œuvre, sur la prédelle de laquelle il plaça son propre portrait, fut cause que l’an 1335 il fut appelé à Cortone par l’évèque Ranieri degli libertini, alors seigneur de cette cité ; il y peignit la moitié de la voûte et les parois intérieures de Féglise Santa Marghe-

  1. Agnese d’Arezzo, femme d’un certain Orlando, fondatrice de l’hôpital en 1278. Ces fresques, que les deux frères Lorenzetti firent en 1335, furent détruites en 1720.
  2. Ces peintures ont été détruites.
  3. Arrivée en 1363.
  4. Existent encore, attribution douteuse ; il devait être mort à cette date.
  5. Peinture perdue.
  6. Qui n’existe plus.
  7. Fresques détruites ; peinture perdue.
  8. Fresques restituées à Ugolino di Prete Ilario, et à d’autres peintres d’Orvieto ; existent encore. Commandées le 30 mai 1370 et terminées vers 1378.
  9. Deux fragments de la prédelle sont à l’Académie des Beaux-Arts de Florence.
  10. Peintures détruites.