Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/236

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par un soin, une morbidesse et une harmonie que l’on ne rencontre ni chez Giotto, ni chez Stefano. Dans sa jeunesse, il peignit, à Santo Stefano al Ponte Vecchio de Florence, une chapelle[1], à côté de la porte latérale, qui, bien que très altérée aujourd’hui par l’humidité, montre, dans le peu qu’il en reste, l’adresse et le talent de cet artiste. Il fit ensuite, au coin alle Macine, aux Frati Ermini[2], les saints Cosma et Damien, qui sont presque effacés par le temps. Dans le vieux Santo Spirito, il peignit à fresque une chapelle qui fut détruite par l’incendie de cette église, et au-dessus de la porte principale, la Descente du Saint-Esprit[3]. Sur la place, au coin du couvent, pour aller al Canto alla Cuculia, on voit de lui un tabernacle contenant la Vierge entourée par des saints, qui se rapprochent beaucoup de la manière moderne par la grâce et la variété des couleurs dans les têtes et les draperies. À Santa Croce, dans la chapelle de San Silvestro, il peignit l’histoire de Constantin, qui renferme de très belles expressions dans les gestes des figures, et, derrière le tombeau en marbre de Messer Bettino de’Bardi, qui remplit d’honorables charges dans l’armée de cette époque, il le représenta, revêtu de son armure, à genoux sur le bord du tombeau, et appelé au Jugement dernier par les trompettes de deux anges qui accompagnent le Christ dans les nuages[4].

À San Pancrazio[5], en entrant à main droite, il y a de lui un Christ qui porte sa croix et d’autres saints reflétant expressément la manière de Giotto. Dans le couvent de San Gallo, qui était hors de la porte du même nom et qui fut ruiné pendant le siège, on voyait dans le cloître une Pietà, peinte à fresque, dont il y a une copie à San Pancrazio, sur un pilastre, à côté de la grande chapelle. Il peignit à fresque, à Santa Maria Novella, un saint Cosme et un saint Damien, sur la façade intérieure, à main droite en entrant, à côté de la chapelle San Lorenzo de’Ginochi et, à Ognissanti, un saint Christophe et un saint Georges qui, ayant été altérés par le temps, ont été repeints par d’autres peintres, par suite de l’ignorance d’un préposé, peu connaisseur en pareille affaire. La même église a conservé de sa main l’arc au-dessus de la porte de la sacristie qui représente la Vierge tenant son Fils,

  1. Ces peintures n’existent plus.
  2. Église démolie ; la peinture est perdue.
  3. Les peintures de Giottino à Santo Spirito n’existent plus.
  4. Existent encore à Santa Croce les peintures de la chapelle San Silvestro, celles du tombeau Bardi, et, à côté, une Descente de Croix que Vasari ne mentionne pas.
  5. L’église de San Pancrazio est actuellement affectée à la Loterie royale ; les peintures de Giottino n’existent plus.