Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/252

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e Berardi[1], à Santa Croce, ainsi que sur d’autres points de cette église. Finalement, après avoir fait quelques peintures sur les parois intérieures des portes de Florence, il mourut, chargé d’années, et fut honorablement enterré, l’an 1380, dans l’église Santa Felicita. Pour en revenir à Jacopo, de son temps fut fondée, l’an 1350, la Compagnie et Confraternité des Peintres. Tous les maîtres, alors vivants, aussi bien les partisans de l’ancienne manière grecque que ceux du nouveau style de Cimabue, se réunirent en grand nombre et, considérant que les arts du dessin étaient en pleine renaissance en Toscane, particulièrement à Florence, créèrent ladite Compagnie, placée sous l’invocation et la protection de saint Luc l’évangéliste, tant pour chanter dans son oratoire les louanges de Dieu et lui rendre des actions de grâce, que pour se réunir quelquefois et se prêter des secours spirituels ou matériels, suivant le temps et le besoin. Cette pratique existe encore à Florence pour différents arts, mais elle était autrefois plus usitée. Leur premier oratoire[2] fut la grande chapelle de l’hôpital Santa Maria Nuova, et il leur fut concédé par la famille Portinari ; les premiers qui dirigèrent la Compagnie furent six capitaines, c’est ainsi qu’on les appela, avec deux conseillers et deux camerlingues, faisant office de trésoriers, comme on peut le voir dans le vieux livre de la Compagnie, ouvert à cette date, dont le premier chapitre commence ainsi[3] :

Capitani della detta compagnia : Lapo Gucci, dipintore ; Vanni Cinuzzi, dipintore : Corsino Bonaiuti, dipintore ; Pasquino Cenni, dipintore. — Chonsigìieri della detta compagnia : Segna d’Antignano, dipintore ; Bernardo Daddi, dipintore ; Jacopo di Casentino, dipintore ; Chonsiglio Gherardi, dipintore. — Kamerlinghi della detta compagnia : Domenico Pucci, dipintore ; Piero Giovanni.

La Compagnie étant constituée, Jacopo di Casentino peignit, avec le consentement des capitaines et des autres membres, le tableau de leur chapelle, qui représente saint Luc, faisant le portrait de la Vierge ; sur la prédelle sont, d’un côté, tous les sociétaires agenouillés, et de l’autre, leurs femmes[4]. Cette Compagnie a subsisté jusqu’à nos jours, où elle a subi quelques modifications.

Finalement, Jacopo, accablé d’années et de fatigues, retourna dans

  1. Existent encore. Voir aussi les Vies d’Orcagna et d’Ugolino.
  2. Actuellement dans les cloîtres de l’Annunziata.
  3. Vasari avait rapporté ce passage d’une manière inexacte ; il est cité ici en entier.
  4. Ce tableau, qui n’existe plus, fut peint, en 1383, par Niccolo di Piero Gerini, pour dix florins, [d’après les comptes de l’hôpital].