Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/264

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Comme il aimait à travailler également en mosaïque, dans le même édifice, entre les fenêtres, et au-dessus de la porte qui conduit à la Misericordia, il fit un commencement de mosaïque qui fut regardé comme le meilleur travail fait jusqu’alors en ce lieu[1] et il en restaura plusieurs autres qui étaient abîmées[2]. Hors de Florence, il peignit à San Giovanni fra l’Arcora, hors de la Porta a Faenza, qui fut détruit pendant le siège, plusieurs figures à fresque admirables, à côté d’une Passion du Christ peinte par Buffalmacco. Il fit d’autres fresques dans de petits hôpitaux voisins et à Sant’Antonio, à l’intérieur de la même porte et près de l’hôpital, quelques pauvres dans de belles attitudes ; dans le cloître, il représenta une vision de saint Antoine, qui aperçoit les tentations du monde et les combats auxquels les hommes sont en butte. Il exécuta encore des travaux de mosaïque dans divers endroits d’Italie, entre autres à Pise et à Florence, dans le palais des Guelfes, une figure avec la tête vitrifiée[3].

On peut dire que cet artiste fut vraiment malheureux. La plupart de ses œuvres ont été détruites pendant le siège, avec les édifices qui les contenaient ; et lui-même, comme il était chicaneur et préférait la dispute à la paix, il adressa un matin, devant le Tribunal della Mercanzia, des paroles grossières à un de ses adversaires qui l’attendit un soir au coin d’une rue alors qu’il rentrait chez lui et le frappa à la poitrine d’un coup de couteau. Lippo mourut, après quelques jours de souffrances ; ses œuvres datent de l’an 1410 environ.

À la même époque vivait à Bologne un autre peintre de talent, nommé Lippo Dalmasi[4], qui laissa de nombreuses peintures dans cette ville, entre autres, en 1407, une Vierge qui est très vénérée ; l’arc au-dessus de la porte de San Procolo qui renferme une Vierge entre saint Sixte, pape, et saint Benoit, et dans la tribune du maître-autel, à San Francesco, un Christ entre saint Pierre et saint Paul, au-dessus duquel il inscrivit en grandes lettres son nom[5].

  1. Existe encore.
  2. Travaux de mosaïque faits par Lippo di Corso ; mention en est faite en 1402. Il fit des travaux analogues de restauration à la façade de San Miniato al Monte, en 1404.
  3. Ces œuvres n’existent plus.
  4. 1370-1410.
  5. Seule, la Vierge de San Procolo existe encore. — Vasari a certainement confondu les vies de plusieurs peintres dans cette biographie. Les dates placées en tête se rapportent à Lippo di Corso, né en 1357, d’après sa déclaration au catasto de 1427, quartier de San Giovanni. La dernière mention faite de lui est de 1430 ; il a un procès devant le tribunal della Mercanzia.