Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/285

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anciens), toutes ces constructions néanmoins peuvent être appelées avec certitude belles et bonnes. Je ne dis pas qu’elles étaient parfaites, parce que, comme on vit plus tard de plus belles œuvres dans cet art, je crois pouvoir affirmer raisonnablement qu’il leur manquait quelque chose. Certes il y a en elles je ne sais quoi de miraculeux, qu’on n’a pas encore surpassé à notre époque, ce qui, peut-être, n’arrivera pas non plus dans les temps à venir ; je veux parler, entre autres, de la lanterne de la coupole de Santa Maria del Fiore, et de la structure grandiose de cette coupole, dans laquelle Filippo eut à cœur non seulement d’égaler les constructions antiques, mais encore de les surpasser, quant à la hauteur des murailles. Je parle, d’ailleurs, en général, et il ne faut jamais déduire l’excellence d’un tout de la perfection et bonté d’une de ses parties.

J’en dirai autant de la peinture et de la sculpture, desquelles il subsiste encore maintenant des œuvres admirables, dues à des maîtres de cette deuxième époque, entre autres celles de Masaccio, au Carmine, où l’on voit un homme nu qui tremble de froid, et d’autres peintures pleines de vivacité et de génie. Mais en général ces maîtres n’atteignirent pas cà la perfection de ceux de la troisième époque, de laquelle nous parlerons en son temps, nous occupant simplement des autres pour le moment. Ceux-ci, pour nous occuper d’abord des sculpteurs, s’éloignèrent considérablement de la manière des primitifs, et l’améliorèrent tant qu’ils laissèrent peu à faire aux maîtres de la troisième époque. Leur manière fut plus gracieuse, plus naturelle, mieux ordonnée, avec plus de dessin et de proportion, en sorte que leurs statues commencèrent à paraître presque des personnes vivantes, et non plus des statues comme les œuvres de leurs devanciers : C’est ce que l’on remarque dans cette deuxième partie. Les figures de Jacopo dalla Quercia ont plus de mouvement, plus de grâce, plus de dessin et plus de fini ; celles de Filippo font preuve de plus d’étude des muscles, on y voit plus de jugement et de meilleures proportions ; il en est de même des œuvres de leurs disciples.

Lorenzo Ghiberti ajouta encore plus dans l’œuvre de la porte de San Giovanni où il fit preuve d’invention, d’ordre, de manière et de dessin, en sorte que ses figures paraissent se mouvoir et être animées. J’hésite d’ailleurs à ne pas mettre parmi les maîtres de la troisième époque Donato qui fut contemporain des précédents, parce que ses œuvres peuvent être mises en parallèle avec les beaux antiques. On peut dire de lui, dans cette deuxième partie, qu’il fut la règle des autres, parce qu’il eut à lui seul toutes les qualités qui existaient séparément dans