nus, de métal doré[1], d’un fini extraordinaire. On peut en dire autant de toute l’œuvre, qui fut regardée comme une chose rare, bien qu’elle n’égale pas la tribune de l’orgue placée vis-à-vis[2], et que Donatello exécuta avec plus de jugement et d’habileté professionnelle, car il laissa ses figures presque à l’état d’ébauches de manière que, de loin, elles produisent plus d’efiet que celles de Luca. L’œuvre de celui-ci, bien que dessinée et exécutée avec grand soin, est trop finie et trop fouillée, ce que n’apprécie plus l’œil à une certaine distance. C’est à quoi doivent faire attention les artistes, car l’expérience a prouvé qu’une statue ou une peinture, vue de loin, a infiniment plus de force et de relief, si elle est largement ébauchée, que si elle est minutieusement finie. Très souvent, en outre, dans le feu de la composition et en quelques coups, l’artiste donne à ses ébauches une vigueur qui ne fait que s’affaiblir, et disparaît même sous les mains de ceux qui ne savent pas s’arrêter à temps dans leur travail de retouches. Il y a cependant des exceptions. Par malheur, le vulgaire préférera toujours, à une ébauche pleine d’animation et d’énergie, des productions molles, amoureusement polies et léchées.
Pour en revenir à Luca, à peine avait-il terminé cette œuvre, qui plut infiniment, qu’il fut chargé de faire, en bronze, la porte de la sacristie[3], qu’il divisa en dix compartiments carrés, cinq par battant, avec des têtes d’hommes d’âges et de caractères, différents, aux angles des encadrements. On en voit de jeunes, de vieux, d’autres d’un âge moyen, avec la barbe ou entièrement rasés ; toutes ces têtes sont également belles, en sorte que la bordure est extrêment ornée. Quant aux sujets représentés dans les compartiments, en commençant par les deux du haut, on voit une Vierge à l’Enfant, d’une grâce infinie, et Jésus-Christ sortant du tombeau. Les quatre panneaux suivants renferment chacun un Evangéliste, et enfin les quatre derniers sont occupés par les quatre Docteurs de l’Eglise, écrivant dans des attitudes variées. Tout ce travail est tellement net et fini que c’est une merveille, et qu’on voit bien qu’il fut très utile à Luca d’avoir été orfèvre.
Mais, quand il fit le compte du profit qu’il en retirait, du temps qu’il avait dépensé et de la fatigue qu’il avait encourue, il reconnut qu’il ne lui restait pas grand avantage et il résolut de laisser le marbre